ESS et économie circulaire
Publié le 29/07/2022
ESS et économie circulaire
Publié le 29/07/2022
Le développement de l’économie circulaire au travers des entreprises de l’Economie sociale et solidaire : un modèle soutenable ?
En lien direct avec la lutte pour la protection de la planète, le concept d’économie circulaire domine aujourd’hui le discours des industriels en matière de développement durable. D’après le Ministère français de la transition écologique (2019), il « désigne un modèle économique dont l’objectif est de produire des biens et des services de manière durable, en limitant la consommation et les gaspillages de ressources (matières premières, eau, énergie) ainsi que la production des déchets. Il s’agit donc de rompre avec le modèle de l’économie linéaire (extraire, fabriquer, consommer, jeter) pour un modèle économique « circulaire ». Ce concept fut intégré dès 2015 dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte puis en 2020 dans la loi anti-gaspillage et économie circulaire dite « AGEC » qui prévoit la réduction des déchets sous plusieurs prismes : la sortie du plastique jetable, la meilleure information du consommateur, la lutte contre le gaspillage et le réemploi solidaire, la lutte contre l’obsolescence programmée et le « mieux produire ». L’économie circulaire se présente comme une solution aux problèmes écologiques en transformant le lien entre nos activités économiques et les systèmes écologiques. Elle peut être adaptée en fonction des contextes et peut proposer des solutions optimales pour les entreprises et les parties prenantes combinant économie et écologie. Par l’incapacité de notre système de production – de type économie linéaire – à échapper à la création de déchets, certains chercheurs ont appelé à développer de nouvelles compréhensions de l’économie circulaire, afin d’y intégrer notamment des questions de justice sociale. Dans ce cadre, il est possible de s’interroger sur le rôle des entreprises de l’ESS. En effet, tout comme l’économie circulaire appelle à produire et consommer différemment, l’ESS appelle à entreprendre autrement, pour générer des emplois durables, renforcer la cohésion sociale et fournir des solutions aux besoins socio-économiques des territoires. Les entreprises de l’ESS, de par leur fort ancrage territorial, leurs capacités d’innovation et de coopération, ont beaucoup à apporter pour que la relance économique soit également écologique et solidaire. Elles y répondent lorsqu’elles s’engagent et innovent en matière de gestion des déchets au niveau de la ville ou de la région dans l’objectif de répondre à des besoins locaux non couverts, de créer des emplois non délocalisables sur ces territoires et permettre ainsi la formation de personnes éloignées de l’emploi (chômeurs, personnes handicapées). Comme la définition de l’économie circulaire peut être enrichie par ses acteurs, il est intéressant d’explorer la problématique suivante : les entreprises de l’ESS sont-elles susceptibles de proposer de nouvelles définitions de l’économie circulaire. C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet européen « BLUEPRINT pour une économie circulaire » auquel participe la Chaire de Bioéconomie et développement soutenable de NEOMA Business School . Ce projet a un budget total de 5,6 millions euros, dont 3,8 millions euros financés par le Fond Européen de Développement Régional (FEDER) via le programme Interreg France (Channel) England. L’un de ses objectifs est de comprendre le lien entre les entreprises sociales et solidaires et l’économie circulaire. Ce questionnement pourrait permettre d’aboutir à des propositions d’outils et de modèles adaptés à la transition sociale et écologique de notre société.
Dr Caroline André, professeure en Droit à NEOMA et chercheuse des sujets tels que la constitution de réseaux au sein de l’Economie sociale et solidaire, de politiques RSE et des valeurs entrepreneuriales.
Dr Maryline Thénot, professeure en ingénierie et stratégie fiscale et juridique, gouvernance, bioéconomie, et Economie sociale et solidaire (ESS) à NEOMA.
Dr Lucie Wiart, chercheuse postdoctorante, s’intéresse aux relations et tensions qui émergent entre économie circulaire et entreprises sociales.