L’IA questionne l’enseignement : à nous de nous adapter !
Publié le 5/06/2023
L’IA questionne l’enseignement : à nous de nous adapter !
Publié le 5/06/2023
Les IA génératives, comme ChatGPT, Google Bard ou Midjourney, sont en train de transformer en profondeur notre rapport à l’information et à la création… et donc à l’apprentissage. Zoom sur ChatGPT et son impact sur l’enseignement supérieur avec Alain Goudey, Directeur Général Adjoint Digital de NEOMA Business School.
ChatGPT (Generative Pre-trained Transformer) est une intelligence artificielle générative qui interagit avec l’utilisateur sous forme de chatbot. A partir d’une demande que vous formulez, elle est capable de construire une réponse basée sur toutes les données que l’IA aura assimilé lors de son apprentissage (données « publiques » d’internet jusqu’à novembre 2021) … Nous ne parlons pas ici d’un résultat de recherche Google, mais bien d’un texte relativement documenté et surtout complètement rédigé. C’est une révolution, et elle va très vite. Alain Goudey, Directeur Général Adjoint Digital de NEOMA Business School nous explique comment « la formation et la pédagogie vont devoir évoluer très rapidement pour prendre en compte cette transformation profonde de la société à l’ère de l’IA. »
« Le rapport Future of Jobs du World Economic Forum prévoit la création de 69 millions d’emplois mais la destruction de 83 millions d’ici 2027. Selon une étude de mars 2023 de Goldman Sachs, un quart des tâches professionnelles actuelles pourraient être automatisées par l’IA aux États-Unis et en Europe.
En tant qu’établissement d’enseignement supérieur, nous devons former nos étudiants à maîtriser ce type de technologie. En effet, ce ne sont pas les IA génératives qui vont remplacer les personnes sur certains métiers, mais plutôt les personnes qui savent bien utiliser les IA génératives…
L’IA va être intégrée dans tous les outils technologiques que nous utilisons au quotidien, comme Office 365, les téléphones portables et les moteurs de recherche. Même si on le voulait, il ne serait pas possible techniquement d’interdire ChatGPT. »
« Comme toutes les technologies, ChatGPT est un moyen est non une fin ! En tant qu’enseignants, nous devons veiller à ce que les étudiants en connaissent les limites et sachent l’utiliser correctement.
Le texte généré n’a pas de sens pour la machine ; il correspond à une réponse statistiquement significative à la question posée. L’outil ne doit donc pas aboutir à un copié-collé, mais doit être utilisé comme point de départ pour réfléchir à des réponses plus détaillées et plus complètes, pour aller plus loin dans sa réflexion
L’outil ne « pense » pas. Il peut aider les étudiants dans leur processus d’apprentissage mais ne peut pas remplacer l’enseignement d’un professeur ou la réflexion personnelle de l’étudiant.
De plus, l’IA générative est basée sur un ensemble de données, qui est spécifique à chaque modèle. Nous parlons de langage du corpus d’entraînement, et derrière le langage, il y a la culture. Derrière la culture, il y a la vision du monde. Il y a toujours des biais dans la culture, et il est important que les étudiants en soient conscients. Ces biais dépendront donc des outils (et du modèle) qui seront utilisés : une connaissance fine s’impose !
L’IA ne cesse de se développer, de nouveaux modèles émergeront encore. Il est important que tous nos étudiants acquièrent la flexibilité nécessaire pour passer d’un outil d’IA à l’autre. Ils devront aussi développer (et nous les accompagnons déjà) la compétence autour de la rédaction de consignes (ou prompt engineering) pour les intelligences artificielles. »
Close up a of sleek humanoid robot writing with a pen on paper, chatGPT concept, Generative AI
Une intelligence artificielle qui produit du contenu à votre place, on voit tout de suite en quoi cela intéresse les étudiants, et les exemples fleurissent dans les médias… Mais pour Alain Goudey, rien ne sert de le craindre, il faut au contraire en tirer parti.
« L’intégration de ChatGPT et de l’intelligence artificielle dans l’enseignement supérieur offre des opportunités de questionner et améliorer le processus d’évaluation des étudiants.
En mettant l’accent sur des évaluations personnalisées, un accompagnement permanent, une rétroaction de qualité et une réduction de la charge de travail des enseignants, ChatGPT a le potentiel de transformer l’éducation pour devenir plus équitable et efficiente.
Le temps gagné permet d’accroître les interactions humaines, ce qui est bénéfique pour les professeurs autant que pour les étudiants. En tant que professeur, je pense que la combinaison des humains et de l’IA peut réellement transformer l’éducation en profondeur ! L’IA seule sera moins efficiente !
Développer les softs skills, le sens critique, la capacité à apprendre de nos étudiants a toujours été la ligne directrice de NEOMA. Cela n’a jamais été autant d’actualité : à l’ère de l’intelligence artificielle, nous cultivons l’intelligence humaine. Et elle fait toute la différence. »