Devenir membre d’un ComEx pour développer ses softs skills ? La proposition de la “Simulation Finale” du Programme Grande École
Publié le 27/10/2020
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Publié le 27/10/2020
Pour évaluer les soft skills développées en fin de leur cursus par les étudiants du Programme Grande École (PGE), NEOMA met en place un dispositif d’immersion baptisé “Simulation Finale”. En petits groupes, les étudiants devront gérer une entreprise en perte de vitesse à des postes de responsabilité d’un niveau CoDir et prendre les bonnes décisions. Subtilité : ce ne sont pas les résultats de leur entreprise qui seront évalués mais leurs comportements et les qualités humaines qu’ils auront déployées. Focus sur une expérience unique.
La Simulation Finale s’appuie sur le jeu d’entreprise informatisé GeoSim, développé par NEOMA et se déroule sur 6 jours et demi. Le dispositif met en scène des univers indépendants où 6 entreprises concurrentes, appartenant au secteur du petit électroménager, proposent leur produit à des entreprises de distribution. Elles interviennent (production, commercialisation) dans deux pays fictifs, Océania et Eurasia, aux caractéristiques très contrastées.
Les étudiants, regroupés en équipes de 5 ou 6 personnes, doivent prendre en charge la gestion stratégique et opérationnelle d’une entreprise, avec un horizon de 10 séquences de décision. Chaque membre d’une équipe a la responsabilité d’une fonction majeure de l’entreprise : production, commercial, comptabilité & contrôle de gestion, finances, études et prospective, ressources humaines et, last but not least, direction générale.
Pour encore plus de réalisme, la mission confiée aux étudiants est de relancer l’entreprise dont ils se voient confier les rênes. Et ce, dans un contexte très concurrentiel, puisqu’ils se retrouvent confrontés aux autres groupes, poursuivent la même mission et subissent la pression d’importations croissantes. Les enseignants qui animent la simulation, jouent quant-à-eux le rôle de conseil d’administration, de banquier et d’inspecteur du travail. Plusieurs juristes constituent le tribunal de la simulation, dont la chambre commerciale, sollicitée dans les cas de défaillance d’entreprise, enchaîne les audiences à partir du milieu du séminaire…
Les étudiants sont répartis en groupes qui mixent les différentes spécialités du PGE. De ce fait les membres des équipes ne se connaissent pas obligatoirement. Le dispositif a été conçu pour obliger à un véritable travail collectif : chaque membre de l’équipe gère sa fonction et n’a accès qu’aux données de sa fonction ; seule la direction commerciale a le détail des ventes, mais elle ne connaît pas l’évolution des coûts de production. Les membres du Codir doivent donc coopérer intensément pendant toute la durée du jeu et se faire confiance.
Cette simulation n’est en réalité qu’un prétexte à la mise en œuvre de qualités personnelles et d’intégration au sein d’un groupe. En effet, les étudiants ne sont pas évalués sur les résultats commerciaux ou financiers de leur entreprise, mais sur leur comportement individuel et collectif pendant toute la simulation. Tel étudiant est-t-il constructif dans les remarques adressées à ses camarades, ou au contraire critique-t-il sans rien proposer ? Partage-t-il l’information dont il dispose, ou ne se préoccupe-t-il pas du niveau d’information de ses camarades ? Prend-t-il ses responsabilités et contribue-t-il à la résolution du problème, ou au contraire feint-il de l’ignorer ?
“Cette simulation finale est une épreuve, au sens d’éprouver quelqu’un, de tester ses capacités” explique François Mangin, coordinateur du dispositif et professeur. “L’exercice est conçu pour développer des processus sociaux et relationnels. C’est à chaque équipe de trouver les moyens de résoudre les problèmes auxquels elle est confrontée, et le rôle de la direction général est crucial. » Chaque soir l’équipe doit prendre le temps d’analyser son mode de fonctionnement. « En tant que membres de leur Conseil d’Administration, les professeurs les accompagnent dans le processus de résolution, mais c’est aux étudiants d’affronter les problèmes et de trouver les solutions” précise-t-il.
L’évaluation est continue et totalement individuelle. Elle se fonde sur l’observation, les rapports et présentations aux Conseils d’administration, les interactions avec les animateurs au cours de la simulation et sur un rapport individuel final. Elle porte sur deux dimensions :
“Les performances d’une entreprise peuvent avoir été mauvaises, cela ne rentre pas en compte directement dans la notation. En revanche, les mauvaises performances s’expliquent souvent par des défaillances collectives ou individuelles. Mais si un étudiant a fait tout ce qu’il a pu pour améliorer les choses, s’il a finalement compris ce qui s’est passé, y compris ses propres faiblesses, et sait en tirer des enseignements pour l’avenir, sa note en tiendra compte, indépendamment des mauvais résultats financiers voire de la faillite de l’entreprise.” expose François Mangin.
Autre point particulier de cette simulation, chaque membre de l’équipe doit porter une appréciation sur ses “collègues”. “Un peu à la manière d’un Entretien Individuel Annuel” précise François Mangin. “Nous leur demandons de souligner les points forts de leurs camarades et ceux qui peuvent être améliorés. C’est un exercice difficile, qui demande de sortir du consensuel et de poser objectivement les qualités et le niveau de chacun.”
Ces retours d’expérience écrits montrent que la mise en situation donne aux étudiants l’occasion d’en apprendre beaucoup sur eux-mêmes. « Ils doivent sortir de leur zone de confort ou de leur spécialisation. Cela prend des formes variées : développer un outil Excel pointu, refaire de la compta ou de la finance s’ils sont en marketing, s’exprimer en cas de conflit, manifester du leadership, faire preuve de compromis, écouter les objections, prendre le temps d’expliquer, savoir demander de l’aide… Ils se découvrent ainsi de nouveaux points forts… ou d’amélioration ».
Cette simulation finale est d’une grande richesse pédagogique. Un autre apport majeur selon les étudiants est la prise de conscience des interrelations qui existent entre les différentes fonctions en entreprise, les rapports de pouvoir, de négociation et de dépendance. Quels que soient les cours, les études de cas ou les expériences de stages, ils ne sont quasiment jamais mis en situation de traiter de ces problèmes au niveau d’un comité de direction et dans la durée.
La simulation finale est une épreuve marathon qui dure 6 jours consécutifs – sans compter le weekend, très souvent mis à profit pour travailler. “C’est, je pense, un des moments les plus denses sur le plan du volume de travail que les étudiants doivent fournir de toute leur scolarité, les étudiants le disent eux-mêmes” observe François Mangin. ”Ils se prennent très rapidement au jeu, les déjeuners sont expédiés rapidement et les soirées sont parfois longues. Il n’est pas rare que l’on me contacte passé 23 heures, ou de bon matin le dimanche”. Cela oblige à doser le timing pour éviter le risque de surchauffe. « Il faut bien balancer la mise sous tension, qui correspond à la vie réelle, et le droit à la déconnexion et l’équilibre vie professionnelle vie-familiale, une attente croissante dans le monde du travail ». Là encore la qualité du travail d’équipe joue un rôle essentiel : stress et temps de travail ne sont pas les mêmes dans une équipe qui fonctionne bien que dans une équipe dysfonctionnelle.
Cette année, en raison du confinement, la simulation s’est déroulée à distance. Cela a ajouté des contraintes et du stress, mais a aussi enrichi la mise en situation. Les étudiants ont ainsi dû s’approprier la plate-forme de travail collaboratif, MS Teams, plus professionnelle que les habituels groupes Facebook, la messagerie Whatsapp et le partage de fichiers sur Google… Sans compter, pour certains, le décalage horaire lorsque des camarades étaient confinés au Viet-nâm ou au Japon !
Cette mise en situation est un moment fort du cursus. “C’est une expérience unique et riche, et pour beaucoup, il s’agit d’un souvenir très fort. Des alumni reviennent d’ailleurs pour l’animer, et contribuent ainsi à faire de ce dispositif une occasion de transmission entre futurs jeunes diplômés et leurs aînés”, conclut François Mangin.