Philippe Besson : « Vivre de son écriture est un saut dans le vide »
Publié le 27/03/2024
Philippe Besson : « Vivre de son écriture est un saut dans le vide »
Publié le 27/03/2024
Depuis, il a publié plus d’une vingtaine de livres, et vendu de très nombreux exemplaires. En effet après dix ans dans les ressources humaines, il décidait en 2000 de consacrer sa vie à l’écriture. Ce sont les raisons de ce choix qu’il est venu partager avec les étudiants.
« Preuve que NEOMA mène à tout », comme le rappelait Delphine Manceau, Directrice générale de l’Ecole. Preuve aussi pour elle, comme elle le rappelait dans son introduction, qu’il est « important de se faire plaisir, d’identifier ses talents, de réfléchir à ses valeurs. C’est vous qui inventez votre avenir ».
« J’ai travaillé dans le métier des ressources humaines, au côté de Laurence Parisot, présidente du Medef. J’ai été heureux. J’avais un salaire élevé, un métier ancré dans le réel. En 2000, j’ai choisi de l’arrêter pour me consacrer à l’écriture. L’écriture c’est l’exact inverse d’un métier ancré dans le réel : il ne dépend que de vous, il est très aléatoire, il est très solitaire. C’est un saut dans le vide, vous lâchez les sécurités. Mais je ne voulais pas avoir de regret de ne pas l’avoir fait. »
« L’écriture, c’est le silence immense, la solitude, des moments de désarroi, de doute, de découragement. Mais quand j’ai commencé à écrire mon premier roman, je n’ai pas été arrêté par la peur. Je me disais autant écrire ce que je veux, je ne serai pas publié. »
« La première rencontre importante pour moi, c’est une prof de lettres. J’étais un élève très sérieux, très discipliné, je préparais le bac de français, je ne prenais pas beaucoup de plaisir à la lecture. Un jour, elle me dit « Vous devez lire des livres qui vous plaisent ! ». Elle m’a conseillé deux auteurs Marcel Proust et Françoise Sagan. J’ai lu « Bonjour tristesse » dont l’écriture simple et lapidaire m’a permis de comprendre que l’on pouvait dire des choses horribles l’air de rien. Ça a été une première leçon. » Quant à Marcel Proust, il sera le personnage de son premier roman En l’absence de l’homme.
« J’ai travaillé au BHV à Paris. Le patron m’avait recruté parce qu’il me trouvait différent des autres employés du grand magasin. A ma façon j’ai essayé d’apporter une touche différente. Ce que j’ai retenu de cette expérience, c’est « ne rentrez pas dans le moule, ça ne sert à rien ».
« En 2016, Emmanuel Macron que je connaissais me dit qu’il va démissionner du ministère, et qu’il souhaite être candidat à la présidentielle. Il m’appelle pour me demander d’être de l’aventure. « Tu dois te trouver une place », me répond-il. Donc je décide d’écrire un livre sur la campagne présidentielle, mais j’étais persuadé qu’il allait perdre, et que je ne publierai rien. C’était un défi à l’entendement, à la statistique. J’ai écrit sur l’improbable, et ça fait un livre. »
« Je suis petit fils de cordonniers et de paysans, j’ai grandi à Barbezieux Saint-Hilaire en Charente. Quand je suis arrivé dans ce qui était à l’époque l’Ecole supérieure de Commerce de Rouen, aujourd’hui NEOMA, j’avais seulement 18 ans. J’ai vécu un gap culturel violent, mais j’ai fini par trouver ma place. Vous finissez toujours par vous la forger. »