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Le Monde de NEOMA

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Comment améliorer la durabilité environnementale des chaînes d’approvisionnement ? Une étude de Laura Trinchera, chercheuse à NEOMA affiliée au Pôle d’excellence AI, Data science and Business, met en avant les effets positifs d’une culture axée sur les données et son association à l’adoption des technologies de l’intelligence artificielle.

Transformer des montagnes de données en opportunités. Voilà un avantage stratégique majeur apporté par la science des données aux industriels. Fusionnez ces savoirs avec le pouvoir de l’intelligence artificielle (IA) et la révolution promet d’être encore plus grande. Ces dernières années, l’adoption progressive de l’IA dans divers secteurs comme la technologie, la santé, la finance ou l’industrie a contribué à la croissance fulgurante de son marché mondial. Estimé à environ 140 milliards de dollars en 2022, celui-ci devrait poursuivre sur sa lancée et dépasser les 1 700 milliards de dollars d’ici 2030.

Sur le terrain, les entreprises utilisent déjà l’IA dans un large éventail de contextes, allant de la maintenance prédictive à la sélection de fournisseurs. Des sociétés de tous les secteurs souhaitent désormais tirer parti de la puissance de ces outils afin d’optimiser leurs supply chain. L’objectif : améliorer leur prise de décision, renforcer leur résilience face aux aléas opérationnels ou encore réduire leur impact environnemental. Mais comment une culture d’entreprise pro-données et la capacité à adopter les nouvelles technologies de l’IA influencent-elles les performances environnementales des chaînes d’approvisionnement ? Pour répondre à cette question, la chercheuse de NEOMA et ses collègues ont recueilli des données auprès de cadres de chaînes d’approvisionnement en France et aux États-Unis.

L’IA au service de la gestion des opérations

Il existe de multiples manières d’améliorer la performance environnementale d’une chaîne d’approvisionnement. Par exemple agir sur l’écoconception de produits plus durables, optimiser les transports de marchandises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ou diminuer les déchets en jouant sur les emballages et le recyclage.

Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs se sont intéressés à la façon dont l’adoption des technologies de l’IA influence ces pratiques. Ils se sont en particulier concentrés sur la capacité des entreprises à utiliser ces outils de manière flexible et réactive afin d’adapter et d’améliorer leurs opérations en continu. Cette étude renforce les conclusions de travaux antérieurs : l’adoption des technologies de l’IA aide bien à répondre aux défis environnementaux. Elles favorisent notamment l’anticipation de changements rapides qui sont externes à l’entreprise. Mais les conclusions vont encore plus loin. Cet effet serait intimement lié à une culture d’entreprise tournée vers la production et l’analyse des données de leur chaîne d’approvisionnement.

Une culture axée sur les données comme catalyseur

La culture axée sur les données est une approche organisationnelle qui encourage l’utilisation systématique des données pour prendre des décisions plus éclairées. Les résultats de l’étude indiquent qu’une culture qui valorise l’utilisation intelligente des données est un facteur clé pour améliorer la durabilité des entreprises. Elle sert en fait de médiateur entre l’adoption de technologies de l’IA et les performances environnementales. De plus, s’il n’est plus à démontrer que les données constituent un carburant essentiel pour faire tourner le moteur de l’IA, ces travaux mettent en avant un effet moins connu : l’adoption des technologies de l’intelligence artificielle peut renforcer à son tour la culture des données en fournissant aux entreprises des outils toujours plus puissants et sophistiqués.

Variations nationales et implications pour la gestion

L’étude suggère que l’adoption et l’utilisation proactive de technologies basées sur l’IA peut être bénéfique aux entreprises opérant dans la gestion de chaînes d’approvisionnement. Cela contribue non seulement à améliorer leur efficacité opérationnelle, mais aussi à consolider leur culture axée sur les données au bénéfice de performances environnementales durables. La culture des données et l’adoption d’outils d’IA se renforcent ainsi mutuellement, au point de créer une dynamique où l’ensemble est plus puissant que la somme de ses parties. Un constat intéressant alors que de nouvelles approches, comme l’IA générative au cœur de ChatGPT, entrent à leur tour dans la logistique des entreprises. Elles apportent des opportunités de marché supplémentaires et aident à identifier des risques. Cependant, leur interaction avec d’autres outils issus de l’industrie du futur va engendrer de nouvelles questions.

Pour finir, les chercheurs ont observé, selon les pays, une légère différence dans l’ampleur de l’impact d’une culture axée sur les données. À l’avenir, ils invitent donc à examiner les facteurs culturels qui influencent les relations entre utilisation des données, adoption de l’IA et performances environnementales dans l’analyse des chaînes d’approvisionnement à travers le monde.

En savoir plus

Samuel Fosso Wamba, Maciel M. Queiroz, Laura Trinchera, The role of artificial intelligence-enabled dynamic capability on environmental performance: The mediation effect of a data-driven culture in France and the USA, International Journal of Production Economics, Volume 268, 2024, https://doi.org/10.1016/j.ijpe.2023.109131