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Le Monde de NEOMA

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Diplômée de NEOMA, Victoria Benhaim voulait révolutionner la restauration d’entreprise, rarement synonyme de bien-être et de gourmandise. Elle se lançait avec Ilunch en 2017. Après cinq ans de réussite, l’entreprise prend un nouvel élan. Le 4 avril, elle devenait Fraîche Cancan pour « mieux traduire son côté convivial ». Retour sur cette success story.

 

En octobre dernier, vous leviez 5 millions d’euros auprès de la Banque des Territoires, Karista via le Paris Région Venture Fund (PRVF), Financière Tuileries et Noveo. Quels ont été les sentiments pour l’entrepreneuse que vous êtes ?

D’abord un soulagement. C’est l’aboutissement de 6 à 8 mois de stress pendant lesquels nous devions convaincre, et traiter la partie juridique qui est très longue. Quand on lève 5 millions, il y a une grosse partie administrative à régler. Le deuxième sentiment, c’est de la fierté. Particulièrement parce que j’ai commencé toute seule et avec rien. Etre seul, c’est dur, être une femme dans l’entrepreneuriat, c’est dur, démarrer avec zéro euro, c’est dur. J’ai cumulé les trois difficultés.

Je savais que cette levée était le résultat de mon travail, de ma résilience, de la résilience de l’équipe. Je sais ce que c’est que de se donner corps et âme pour un projet qui n’aboutit pas. Donc là je suis heureuse de le voir aboutir. Et J’ai voulu partager ce moment de joie avec mon équipe.

 

A quoi va servir cette importante levée de fonds ?

D’abord à accélérer la croissance. Pour y faire face, nous avons recruté massivement tous les profils, directeurs marketing, directeur commercial, commerciaux, des gens dans la Tech, des plongeurs, des commis de cuisine, des livreurs, des responsables logistique…  En un an, nous sommes passés d’une quinzaine de personnes à soixante-dix. Nous avons réalisé 300% de croissance.

Ensuite nous avons l’intention d’investir dans la Tech, notamment pour tenir notre objectif du zéro déchet, pour tracer les contenants, gérer les stocks… 

Et enfin, nous allons développer la notoriété de la marque. Chez ILunch, nous n’avions jamais eu l’occasion d’investir en marketing et en communication. Nous étions connu grâce au bouche-à-oreille. Le 4 avril, nous avons changé d’identité. ILunch est devenu Fraîche Cancan, C’est un nom plus français, très osé, mémorable.

 

Vous parlez de moments difficiles depuis la création d’ILunch en 2017. Que retenez-vous de ces cinq années d’entrepreneuriat ?

J’ai été bien entourée pour le lancement de cette entreprise, ce qui n’avait pas été le cas pour la précédente. J’ai pu commencer avec Didier Taupin de NEOMA, mon premier business angels, puis Olivier Rebiffé de NEOMA également, et Marc Radigales (DG de C10Play, ndlr). Cette fois, j’ai eu de vrais coaches qui voulaient avancer avec moi.

L’aventure ILunch, c’est aussi une équipe. Mes premiers salariés sont toujours là à mes côtés. Je sais que l’on n’y arrive pas seul. Sans en avoir conscience, j’ai mis en place un management très participatif : je donne à mes collaborateurs les moyens de s’exprimer, ils se sentent impliqués dans les projets, ça devient leur entreprise aussi. Je retiens donc des relations humaines extraordinaires.

Je retiens de ces cinq années que le travail paie. Je comprends qu’il faille équilibrer vie professionnelle et vie personnelle, mais quand on a des ambitions fortes, il faut travailler, et on y arrive. Par contre, il faut de la résilience. Au début, je me demandais si le livreur allait venir le lundi matin. Il y a eu beaucoup de challenges à relever. En 2020, la crise sanitaire a été un énorme choc, cela faisait quelques mois que l’on avait levé, on allait communiquer massivement le 30 mars, avec un énorme événement de lancement. Un marché entier s’est effondré. Mais on a su rebondir, on a mis en place la livraison à domicile.

 

Vous allez désormais au-delà de la livraison de repas aux salariés : vous proposez maintenant de transformer les cantines d’entreprise. De quoi s’agit-il ?

Après des mois de télétravail, les collaborateurs n’ont plus envie de revenir au bureau, et encore moins de manger dans une cantine triste des plats qui ne sont pas gourmands. Les employeurs de demain ont un vrai défi : apporter du service et de la qualité en entreprise pour faire revenir leurs employés. Il faut que les salariés en prennent plein la vue et plein les papilles. Si la nourriture est bonne, si l’endroit est agréable, si en plus ils peuvent déjeuner avec leurs collègues, ils vont avoir envie de venir passer un bon moment.

Nous proposons donc de transformer les espaces de vie dans les entreprises. Nous travaillons avec des agences d’architectes d’intérieur sur le design, sur le parcours utilisateurs pour qu’il soit plus agréable.

On commercialise beaucoup de frigos connectés qui distribuent des produits plus healthy pour remplacer les machines à sucreries. Les entreprises doivent donc apporter de nouvelles solutions parce qu’on sait que la malbouffe a des conséquences sur la santé, mais aussi sur la productivité.  

 

Depuis deux ans, votre entreprise est très engagée sur le plan environnemental. Les contenants sont en verre consignés, rangés à la fin du repas dans des meubles dédiés, récupérés par les livreurs le lendemain et réutilisés. Pas si simple. Comment avez-vous relevé ce défi ?

 Nous avons en effet décidé de livrer nos convives dans des contenants réutilisables, ce n’est pas un outil marketing pour nous, c’est une vraie conviction. Mais le problème, c’est que nous étions les seuls et les premiers à le faire. Nous avons dû créer un marché. Plus jamais je ne veux créer un marché, je préfère être la deuxième ! Ça a été difficile pour tout : comment acheter les contenants, comment laver nos contenants, comment avoir des étiquettes…  Aujourd’hui, nous avons lancé un mouvement, la Ministre de l’Ecologie a encouragé ces pratiques.

 

Aujourd’hui, si vous deviez convaincre une entreprise de vous suivre sur cette question environnementale, que lui diriez-vous ?  

Allez-y, c’est le même prix. Nous, à partir de 15 réemplois, nous estimons être à l’équilibre. Au début, nous faisions payer les contenants, mais il y avait trop de freins, donc nous avons changé notre modèle économique. Nous avons modifié deux trois choses pour ne pas impacter le prix et pour ne pas trop réduire nos marges.

 

Dans ce parcours professionnel, qu’est-ce que NEOMA vous a apporté ?

Si je n’avais pas fait la majeure « entrepreneuriat » du Programme Grande Ecole, je ne serai pas devenue entrepreneuse. Ce qui m’a lancé, c’est le projet fil rouge que l’on devait présenter à l’école, et développer pendant quatre mois. J’ai vraiment appris là tout ce qu’il fallait faire pour lancer une entreprise. Deuxièmement, alors que je n’avais vraiment rien, NEOMA m’a donné vraiment tout ce dont j’avais besoin pour démarrer : 10 000 euros au début, un réseau, deux investisseurs et de la visibilité. Cette visibilité qui a sûrement donné envie à Didier Taupin, et Olivier Rebiffé de venir investir dans ma deuxième entreprise. J’essaie de rendre à NEOMA ce qu’elle m’a donné.

 

 

 

Entrepreneuriat : les 4 leçons de Victoria Benhaim

Leçon n°1/ Bien se faire accompagner, bien s’entourer sur le plan juridique.  

Leçon N°2/ Eviter de créer une entreprise en divisant les parts à 50/50. Et encore moins avec un business angels. Si quelqu’un a 50 % des parts, il doit être aussi actif et impliqué que vous. Le partage des parts, c’est le partage du travail.  

Leçon n°3/ Ne jamais abandonner au premier obstacle parce qu’il y en aura mille. Etre entrepreneur, c’est réussir à force de ne jamais abandonner. Il faut savoir que ça monte et ça descend. Quand on est en bas, il faut savoir que derrière on remonte la pente. Il faut donc faire preuve de résilience.  

Leçon n°4/ Croire en son instinct

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